SI TU ETAIS, livre
Le carnet de bord est suivi du texte intégral de deux pièces de théâtre écrites par l'auteur sur le thème de la vieillesse en maisons de retraite.
Dans ce livre, vous trouverez également un CD contenant les versions MP3 de deux émissions de radio consacrées à cet univers, ainsi que les photos et les illustrations couleurs réalisées par les participants.
Disponible chez l'autrice : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
A nous, les animateurs de «revaloriser le lien social », à proposer des « projets intergénérationnels », à mettre en valeur le « patrimoine immatériel ».
Nous vivons dans une société qui ne tient plus en compte que le résultat immédiat. Il faut produire, faire du chiffre, être performant, dès l'école, dès la maternelle.
Et, ceux qui, comme certains d'entre nous, choisissent le côté « lumineux » de la vie, doivent s'attendre à mener une existence précarisée : leurs « résultats » sont trop « impalpables » et n'ont aucune valeur marchande.
Aussi, ce livre, n'était-il pas l'objectif principal de ces ateliers d'écritures. Il est devenu nécessaire, pour moi, de l'écrire, au fur et à mesure que les semaines passaient. Nécessaire pour passer le relais, à d'autres.
Il y a plus de deux ans, revêtue de mon audace et de ma détermination, je suis allée voir Florence Duviver, alors directrice de la maison de retraite « la concille ».
Je lui ai proposé d'animer des ateliers d'écriture dans lesquels des enfants et des grands-parents pourraient se retrouver à travers une trame commune : les résidents écriraient à partir des photos des enfants et les enfants, avec l'aide de leurs instituteurs, Mr Mathieu et Mr Conniasselle, de l'école Champagnat, travailleraient à partir des photos des résidents. Florence fait partie des gens qui ont choisi le côté « lumineux » de la vie, ceux qui n'ont pas peur des poussières que ça soulève, de l'énergie à mettre en jeu pour la sécouer, cette poussière. Et, grâce à son soutien, nous avons pu démarrer rapidement.
Pendant de longs mois, les enfants et les résidents ne se sont rencontrés qu'à travers leurs photos. Ils ont eu le loisir de réinventer une vie à l'un, un prénom à l'autre, d'ajouter une autre saveur à leur existence grâce au piment de l'imaginaire.
Aussi, en juin 2008, quand ils ont enfin pu se rencontrer, c'est au pas de course que les enfants, trop impatients, ont voulu parcourir le chemin qui les menait de leur école à la Concille.
Quoi de plus naturel, me direz-vous, qu'un grand-père qui raconte ses frasques de jeunesse à un enfant ? En êtes-vous encore sûr ? Comment cela se passe-t-il chez vous ? Chez vos voisins ?
J'espère que, depuis, ce trajet entre « la maison des enfants » et « la maison des grands-parents » a continué encore dans le coeur de chacun, que cette petite graine qui a été confiée aux enfants, mais aussi aux grands-parents, pourra germer à son heure et contribuer à un monde où nous n'aurons plus besoin de proposer des « projets pour revaloriser le lien social », de « projets intergénérationnels », où l'authenticité des relations humaines pourra reprendre sa juste place dans une société où chacun de nous aura le loisir de prendre le temps : le temps d'écrire, le temps de dessiner, le temps de parler, le temps de ne rien faire aussi, le temps d'être ensemble.
Les grands-parents sont encore un peu les garnements d'hier et, dans les enfants d'aujourd'hui, sommeillent déjà les vieux de demain.
Souvent, lors des après-midi où nous écrivions ensemble, j'ai été confrontée avec la facilité déconcertante avec laquelle les participants se dévalorisent : ils n'auraient plus rien d'intéressant à faire partager, ce ne serait plus la peine, il ne resterait plus qu'à attendre que la mort vienne, et « sans déranger » les autres surtout ! Dans la mesure du possible, j'ai essayé, par nos rencontres régulières de faire remonter les pépites d'or qui se laissaient couler au fond de la vase et de les faire briller pour qu'elles soient reconnues, reconnues d'abord par ceux en qui elles sommeillaient, puis par les autres.
Ecrire, c'est redresser la tête.
Alors, oublions les mots « vieux , « jeune », « adultes », « aînés ». Regardons-nous plutôt comme des passagers qui vont faire tout ce qu'il faut pour que la traversée, si courte, sur cette terre fragilisée, soit la plus belle possible. Commençons par nous aimer nous-mêmes, par reconnaître ce qui brille au fond de chacun de nous, de chacun de nous, sans exception, que nous ayons 8 ans ou 10 fois plus. Il faut commencer tôt si on veut que ça brille plus longtemps !
Ce livre est une porte ouverte. Il offre à tous l'occasion de partager une aventure.
Il y a autour de nous, d'autres portes qui ne demandent qu'à être franchies.
A chacun de nous de trouver celles qui lui sont destinées, d'entreprendre, de s'engager.
« Quoi que vous puissiez faire ou rêver, commencez-le. L'audace contient du génie, de la puissance, de la magie. » Goethe
N'attendons pas qu'un « animateur » vienne nous le proposer.