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DIABLE VAUVERT, résidence, 2005

En décembre 2005, les éditions du Diable Vauvert (Nîmes) m'ont accueillie pendant deux semaines pour terminer l'écriture de Bateau Ciseaux.

camargue

Un week-end dans ma résidence

Un pot de confiture Champion peut tenir quinze jours quand on le consomme le matin sur les tartines.

Un pain au levain résiste près d’une semaine quand on le met au frigo.

Cinq jours sans faire les courses, faut pas rater son coup.

Quand les chevaux tournent le cul vers le nord, c’est que le Mistral souffle bien fort et qu’il ne convient de sortir qu’avec la rage au corps.

Des enfants viennent jouer au ballon, en bas.

Il y a donc autre chose que des chasseurs par ici le week-end ?

Peut-être des enfants de chasseurs ?

Je pense n’avoir jamais éprouvé à ce point l’isolement.

La résidence, un avant goût de la maison de retraite ?

La valise me démange. J’entre en résistance.

L’écriture avance.

Le vent violent donne à l’ancienne école des allures d’asile de fou.

Je tourne dans la cage dont j’ai la clé.

Mon corps n’en peut plus de s’asseoir et de se coucher.

Sans téléphone, sans internet, sans voiture, sans télévision, avec juste les livres et l’ordinateur qui intime de se mettre au travail, c’est l’ascèse.

J’oubliais : la radio, une fenêtre de plus !

L’écriture avance, le texte s’engage vers sa fin.

Ah, du potin en bas, il n’est pas encore 7h du mat, c’est samedi.

La femme de ménage travaille au tarif du travail de nuit ?

9h30. Le gravier « crisse ». C’est lundi.

Première voiture.

On ouvre les volets.

Deuxième voiture.

Troisième voiture,…

Mandy m’apporte une baguette encore chaude. Premier sourire depuis vendredi.

- ça ne vous est jamais arrivé de retrouver vos résidents pendus, exangues, ou complètement dessèchés au bas de l’escalier après des week-end comme ça ?

Je repartirai d’ici, au bout de quinze jours, sans qu’on me demande des comptes.

Je laisserai quelques petites choses à manger pour le suivant, celui qui ne demandera pas à rentrer chez lui dès le lendemain (ça arrive !) et qui laissera quelques petites choses à manger pour…

Et pas mal de pages aussi.

arbre